Article
17.02.2025
Il aura – presque – suffi d’une bonne idée et d’un tandem de fondateurs audacieux… En moins de 15 ans d’existence, Senef a su s’imposer comme un acteur incontournable des logiciels de gestion pour les services à la personne, la propreté et la sécurité. Et ce, tout en maîtrisant avec constance sa trajectoire de croissance.
L’origine de Senef remonte à 2008, bien avant la création officielle de l’entreprise. Cette année-là, alors qu’il dirige des projets internationaux pour un éditeur de logiciels, Momar Mbaye remporte pour son propre compte un appel d’offres de la Garde républicaine afin de concevoir un outil de gestion des plannings des chauffeurs. Ce premier logiciel, développé de manière indépendante, se révèle être un succès opérationnel et l’expérience donne des ailes à celui qui avait toujours rêvé d’entreprendre. « Deux ans plus tard, je retrouve un ancien ami de lycée, devenu entretemps consultant en projets informatiques, et l’envie nous vient d’unir nos compétences », précise Momar Mbaye. Cet ami s’appelle Tariq Hamadouch et il est toujours l’associé de Momar Mbaye et le directeur technique et R&D de Senef. « En nous appuyant sur le socle technique du projet que j’ai développé pour la Garde républicaine, nous imaginons un logiciel de type ERP – Enterprise Resource Planning – capable de répondre aux besoins de gestion des entreprises de services à la personne. »
Le secteur constitue à l’époque un terrain fertile, boosté par la loi Borloo et ses exonérations fiscales qui incitent les particuliers à recourir aux services de ménage, d’assistance à domicile ou de garde d’enfants. Prudents, les jeunes partenaires avancent en parallèle de leur emploi respectif, finançant l’intégralité du projet avec leurs seules économies personnelles. Cette démarche, connue sous le nom de bootstrapping, leur permettra par la suite de conserver une indépendance totale vis-à-vis des investisseurs extérieurs tant qu’ils le souhaiteront. « À l’époque, nous couvrions toutes les dépenses sans soutien des banques. C’était un pari risqué, mais nous y croyions fermement. »
La collaboration avec Isatis Capital nous a fait doubler de taille en renforçant notre organisation. Nous avons également gagné en crédibilité car une levée de fonds réussie est un marqueur fort de réussite pour une entreprise
Momar Mbaye
Président de Senef
Actuellement, l’offre de Senef repose sur trois grandes solutions logicielles : Progisap, déjà évoquée, le « couteau suisse » 100 % internet des entreprises de services à la personne qui comporte des modules dédiés à la gestion des plannings, au suivi des prestations à domicile et à la gestion administrative et RH ; son pendant Progiclean, adapté aux besoins des entreprises de propreté et de facility management ; et Seenet, conçu pour les sociétés spécialisées dans la sécurité et le gardiennage. Ces outils se complètent d’applications mobiles destinées aux équipes terrain et au contrôle de la qualité. Les clients ? Ils sont aujourd’hui près de 2 000, et ils présentent une large variété de profils. « Nous nous adressons à des entreprises de toutes tailles, de la TPE de 5 salariés aux groupes de 10 000 personnes. Alors forcément, toutes n’ont pas la même maturité en ce qui concerne l’utilisation des logiciels de gestion intégrés comme les nôtres, ce qui nous a amenés à développer également un pôle formation et un pôle ”delivery“ qui facilitent le déploiement des solutions chez les clients. » Quels que soient leur taille et les revenus qu’elles génèrent pour Senef, toutes les entreprises abonnées sont logées à la même enseigne, « avec le même tarif et la même qualité de prestation, ajoute Momar Mbaye. Nous préférons l’équité à la personnalisation : tous nos clients bénéficient de toutes les évolutions de nos produits et de tout l’engagement de nos équipes ».
Ce modèle exigeant porte ses fruits : en 13 ans d’activité, Senef n’a jamais dévié de sa trajectoire de croissance, étoffant année après année ses effectifs et son portefeuille de clients. Il y a deux ans, cependant, Momar Mbaye et Tariq Hamadouch ont décidé de sortir de leur logique d’autofinancement pour franchir de nouveaux caps de développement. Mais pour cela, il fallait des fonds. En 2022, les deux associés se rapprochent d’une banque d’affaires qui les met en contact avec plusieurs investisseurs. Isatis Capital se positionne sans hésitation. « Pourtant, faire entrer un fonds dans l’entreprise, ça n’est pas simple après avoir été si longtemps seuls dans le poste de pilotage, remarque Momar Mbaye. Isatis Capital a su trouver sa place et devenir un véritable partenaire qui nous comprend et qui nous soutient sans nous donner de leçon. » Dix-huit mois après la levée de fonds, la collaboration est d’ores et déjà un succès. « Tous les signaux sont au vert, constate Lucas Cornette. Les effectifs sont passés de 28 à 55 personnes tandis que le chiffre d’affaires progressait de 62 %. » De quoi aborder l’avenir avec confiance…
Portée par une dynamique de croissance continue, Senef entend désormais renforcer son leadership sur ses marchés historiques en explorant de nouveaux segments – le marché des infirmiers à domicile, par exemple – et en accélérant son expansion à l’international. « Nous misons aussi sur l’innovation avec l’intégration de l’intelligence artificielle dans nos solutions ou la création d’une marketplace qui élargira l’éventail de solutions proposées à nos clients afin de mieux les accompagner vers l’agilité et la performance », résume Momar Mbaye en conclusion.
Senef a eu la grande force de choisir des niches très précises et d'y prospérer, sans s'éparpiller dans l'envie de grandir à tout prix.
Lucas Cornette
Directeur d'investissement chez Isatis
Apparus dans les années 1990 dans le sillage de l’essor d’internet, les logiciels SaaS (Software as a Service) transforment le secteur des solutions d’entreprises. Accessibles en ligne sans installation locale, ils offrent une flexibilité totale aux utilisateurs. Ce modèle séduit par sa simplicité d’accès et son coût réduit. Contrairement aux logiciels classiques vendus sous licence, le SaaS fonctionne par abonnement, limitant les investissements initiaux des entreprises tout en les faisant bénéficier de mises à jour continues et automatiques. L’un des grands atouts du SaaS est sa scalabilité. Besoin d’ajouter des utilisateurs ou de nouvelles fonctionnalités ? Il suffit de modifier l’abonnement, sans intervention technique. Ce modèle agile répond aux besoins de croissance rapide des entreprises et s’adapte aux évolutions du marché. Le SaaS est aussi un allié de la sécurité. Les fournisseurs investissent massivement dans des infrastructures cloud sécurisées, avec des niveaux de protection souvent supérieurs à ce que peut se permettre une PME. Cette architecture « cloud first » répond particulièrement bien aux besoins des entreprises très décentralisées comme celles qui constituent le coeur de cible de Senef, pour qui la mobilité et l’accès distant aux outils sont essentiels. L’avenir des logiciels SaaS est prometteur. Le modèle accompagne la digitalisation des entreprises, favorisée par le télétravail et les besoins de collaboration à distance. Dans le contexte actuel de contraction économique, le secteur du SaaS se montre des plus résilients. Selon des projections de Fortune Business Insights, la valorisation du marché global du SaaS pourrait ainsi passer de 274 à 1 229 milliards de dollars d’ici à 2032.